Сила Духа
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1.3 Langue de presse
Mais pourquoi donc les médias sont-ils « le quatrième pouvoir » ? Qu’est-ce qui fait de la presse un moyen d’influence assez puissant ? Les recherches des structures de la mémoire sémantique montrent que même les notions les plus abstraites (« capital », « destin ») ont une saturation (satiété- сытость; пресыщение (jusqu') à satiété
émotionnelle qui définit l’étendue des appréciations subjectives. Ces dernières, comme on sait, dirigent la conduite d’une personne, ce qui est surtout important à l’époque où la culture d’information, avec ses mass médias électroniques, se développe avec intensité. Les plus fines distinctions de notion sont transpercées par le contenu émotionnel qui donne la possibilité de révéler les mécanismes de l’influence des mass-médias sur l’individu. C’est par le biais de la coopération des composants motivationnels et cognitifs de la conscience de l’homme, organisée par les médias, que fonctionnent, citons-les en guise d'exemple, les technologies électorales de PR. Elles agissent sur les sentiments, les émotions et la raison de l’électeur et permettent, en fin de compte, de réaliser une décervellation absolue de l’électeur.
Outre l’envergure (largeur, ampleur) de la diffusion de la presse, il serait indispensable de s’arrêter sur le langage de presse, spécifique, possédant ses propres règles et apte à influencer même la langue littéraire ainsi que la norme. Dans la presse, plus que dans les autres médias, la langue joue un rôle principal, parce que sa forme écrite y représente un moyen essentiel de la communication, d’où l’emploi très répandu et efficace des moyens typographiques de la mise en relief (voir dans L’axiologie). Pourtant la langue de presse n’a jamais joui de renommée étant critiquée par des écrivains, des linguistes, des journalistes mêmes ! D’un côté, ils en ont raison, parce que des tournures négligentes, des fautes, une logographie (скоропись- écriture cursive), des poncifs, des emprunts injustifiés – tout cela n’a jamais embelli la langue de presse. Mais d’autre côté, ils ont tort en lui enlevant des qualités esthétiques, tout en la comparant à la langue littéraire, ce qui est incorrect : la langue de presse a ses propres objectifs et fonctions ; c’est une esthétique particulière, à des règles et possibilités spécifiques.
Des changements considérables dans la structure de la langue de presse sont conditionnés par sa tendance de s’éloigner du langage sec, officiel et livresque, unifié et dépersonnalisé, c’est-à-dire de celui du passé. Une autre tendance évidente est observée, celle de formuler une idée, de construire un message sans prendre en considération la tradition, en partant seulement du caractère du message et en évitant les formes stockées (складировать, хранить – entreposer, déposer) du langage. Le chemin principal pour éliminer le caractère livresque, officieux du langage de presse et retrouver de son propre visage consiste à employer des unités familières, populaires et des jargons. En quête des moyens d’expression de valeur, le journal s’adresse aux unités lexicales non-littéraires et du style bas, possédant des ressources stylistiques considérables et vivifiant le langage de presse.
La norme de presse est plus vaste que celle littéraire commune, et beaucoup plus tolérante envers le lexique non-littéraire. Pourtant la forme familière est loin d’être opportune pour tout sujet en question, ainsi que l’emploi excessif des jargonismes ébranle la norme littéraire et baisse brusquement la qualité du langage. C’est pourquoi l’emploi des termes non-littéraires doit être motivé, avant tout, stylistiquement.
L’état de la culture langagière des journaux contemporains représente le problème tout à fait important. Une baisse brusque de son niveau, témoignée par plusieurs savants, a touché la langue des médias. Les causes principales en sont l’apparition dans la presse des gens mal formés, l’élargissement des limites de la langue littéraire (qui est, en général, un phénomène positif, mais entraînant parfois des conséquences négatives), l’absence de la censure intérieure etc. D’une manière ou d’une autre, l’état de la culture langagière provoque une angoisse.
C’est un aspect normatif qui est particulièrement important pour la langue des médias, qui, à son tour, exerce une très forte influence sur la langue littéraire, en formant des goûts de langue, des normes littéraires. Les linguistes français croient que le précepteur (maître, éducateur, instructeur) essentiel de langue, derrière la gymnase, est la presse.
L’emploi des moyens langagiers est défini par leurs qualités et capacités socio-axiologiques, du point de vue de l’influence efficace et constante sur l’auditoire de masse. Ainsi, la valorisation sociale des moyens langagiers se présente comme une particularité essentielle du style journalistico-publiciste, qui le met en relief parmi les autres styles fonctionnels et qui se manifeste sur tous les « niveaux » de son langage, mais surtout d’une manière évidente et marquante dans le lexique.
La question sur la possibilité de se servir d’une langue tout à fait neutre, dépourvue de toute valorisation, reste en suspens. Certains savants pensent que dans le processus de la communication « l’usage neutre, dans un certain sens, de la langue est en principe impossible », car plusieurs facteurs (comme la sélection des sujets discutés, la succession de l’insertion des participants au discours, l’explication de l’attitude du sujet parlant envers une information transmise) agissent sur la compréhension du message par le destinataire (Baranov 2004). Il est à indiquer que dans la communication politique, l’effet de l’impact de la langue se maintient à un niveau assez élevé, ce qui donne, par conséquent, que la communication politique reflétée dans les textes des mass médias exerce une grande influence sur la conscience sociale et sur la formation des dispositions politiques des citoyens (Baranov 2004). D’après le point de vue de certains savants, une des fonctions spécifiques des mass médias dans les sociétés démocratiques modernes est d’informer et d’inciter les citoyens à participer activement aux processus politiques et non pas à les observer passivement (McLeod, Kosicki 1994).
Les savants qui s’occupent de l’étude des particularités des textes publicistes de différents genres, sont justes à indiquer que, en sus ( en outre) de l’information sur la réalité objective, le texte transmet l’information sur la personnalité de l’auteur par voie de la valorisation des phénomènes de la réalité objective et incite le destinataire à accepter le point de vue de l’auteur (Gorodnikova 1987). En liaison avec l’étude de ce comment les différents médias décrivent les événements, la catégorie de la valorisation présente un intérêt particulier. Bien que nombre d’ouvrages scientifiques sont consacrés à la valorisation en tant que catégorie de langue, certains savants croient que les moments de valorisation sont difficilement classifiables et se font mesurer quantitativement à grand-peine. Les questions concernant la valorisation n’ont pas jusqu’à présent reçu une réponse définitive et restent, par conséquent, actuelles. GrigoriSolganik, qui s’occupe des recherches dans le domaine du langage journalistique, a raison en déclarant que la catégorie de la valorisation englobe tout le contenu lexical de la langue et se constitue, avant tout, comme expression de l’attitude du sujet parlant envers le sujet du discours (Solganik 1981).
La valorisation comme aspect axiologique de la signification peut être exprimée de différentes façons. L’axiologie est étroitement liée au domaine des médias, et surtout de la presse, parce que ces derniers envisagent un fait objectif sous différents angles subjectifs, ce qui fait que les valorisations des mêmes faits peuvent se varier. La notion d’axiologie, qui désigne « les systèmes de valeurs », est indispensable dans la mesure où, en discours, la dimension axiologique est sans cesse présente. Elle se manifeste en effet chaque fois que l’énoncé traduit un engagement subjectif de l’énonciateur, chaque fois qu’un jugement de valeur – fondé sur des normes morales (le bien et le mal) ou esthétiques (le beau et le laid) – est porté par des choix lexicaux. Il s’agit alors de valoriser (évaluation méliorative) ou de dévaloriser (évaluation péjorative).
Généralement les choix lexicaux se subdivisent en 4 catégories (énumérées ci-dessous), mais ils peuvent être répartis en 2 grands groupes : explicites et implicites [comme ces derniers sont très nombreux et ne sont pas faciles à être énumérés tous (à cause de la quantité des moyens rhétoriques, et notamment – des figures stylistiques), on se bornera, pour le moment, à n’en relever que les essentiels].
Explicites
Les suffixes, généralement péjoratifs :
« traîner » devient « traînasser » ou « traînailler »,
« parler » devient « parloter »,
« jaune » devient « jaunâtre » ou « jaunasse ».
Implicites
Des marqueurs lexicaux : « imbécile » ou « génie », « superbe » ou « affreux », en liaison parfois avec les registres de langue (« demeuré » ou « baraqué »).
Des termes objectifs qui, en fonction du contexte discursif, se chargent de significations axiologiques diverses. Le verbe « parler » peut ainsi être valorisant dans un énoncé comme : « Il a parlé. Nous savons ce que nous devons faire », ou dévalorisant dans une phrase comme : « Tu parles, tu parles, c’est tout ce que tu sais faire. »
Les figures de style, et en particulier la métaphore et la comparaison, qui peuvent se charger d’une forte valeur axiologique. « Il s’est battu comme un lion » s’oppose à « Il s’est enfui comme un rat », ou « C’est une véritable vipère » s’oppose à « C’est véritablement un aigle. »
Explicites ou implicites, la fréquence de ces unités axiologiques n’est pas la même : les moyens explicites en français sont plus rares que les moyens implicites (dont fait preuve, au moins, leur nombre). Ce phénomène est dû à ce que le lien entre la forme et le contenu dans le mot français est moins imbriqué (mélangé, enchevêtré,mêlé
plus libre que dans le mot russe, par exemple ; cela amène à ce que l’expressivité, exprimée par la forme même du mot, est plus caractéristique du russe, alors que le français la traduit à l’aide de la transposition de la signification (métaphorique et stylistique) (Pototskaїa 1974). Il s’ensuit que la dévalorisation dans la langue russe trouve son expression, pour la plupart, explicitement, c’est à dire par le sens primaire du mot, ce qui n’est pas le cas du discours français où la dévalorisation est exprimée principalement par la connotation, c’est à dire conditionnée par le contexte et, par conséquent, implicite .
Les notions de dénotation et de connotation sont liées à la dimension axiologique. La dénotation exprime un caractère factuel et informatif du discours. La connotation, qui installe un discours second sur des énoncés de dénotation, se manifeste par des éléments intonatifs, lexicaux ou discursifs. Elle a un caractère évaluatif. On reconnaît ainsi des connotations de « vulgarité », de « préciosité », de « snobisme » etc., par des ensembles de traits qui forment un tout cohérent, donnent une tonalité particulière au discours, signalent l’identité du locuteur. Les connotations, sortes de grilles évaluatives de lecture du sens, sont déterminées par l’usage et sont, par conséquent, relatives à des codifications sociales.
En ce qui concerne les moyens explicites, ils sont rares dans le discours publiciste ; cependant une fois employée, une unité explicite comporte le sens, qui découle de ses composants. Tel sont les mots « titraille », « journaleux » avec les suffixes péjoratifs, de même que dans les mots « ferrailler (дратьсянашпагах, насаблях 2) неумелофехтовать 3) лязгать; стучать 4) горячоспорить) » et « scribouillage(каракули 2) писанина) » : « Lescribouillage en formules essayistes n’a pas peur des mots. – Очерковаяписанинанебоитсяслов ». [1]
« Depuis son arrivée [...] le brillant diplômé en droit de l’université de Yale n’a cessé de ferrailler. – С моментасвоегоприхода [...] блестящийвыпускникфакультетаправаЙельскогоуниверситетанепереставалгорячоспорить». [2]
« Le Monde du 15 avril n’a pas paru – en grève, fait rarissime dans son histoire... – ЛеМондот 15 февралянепоявилсяналотках – из-зазабастовки, редчайшийслучайвегоистории…» [3]
« ...pour acquérir [...] la notoriété qu’une œuvre scientifiquement faiblarde peinerait à justifier aux yeux de leurs pairs. – …чтобыдобытьсебеимя, котороеслабенькая,снаучнойточкизрения, книгаструдоммоглабыоправдатьвглазахихбоссов ». [4]
« Ce club organise des séminaires réunissant une brochette d’intellectuels, de politiques et de diplomats triés sur le volet. – Этотклуборганизуетсеминарысучастиемгорсткиизбранныхинтеллектуалов, политиковидипломатов… » [4]
« Dans le dossier sous le titre “La face cachée du journalisme”, avec pour surtitre cette pleurnicherievictimaire... – В статьеподзаголовком “Скрытоелицожурнализма”, сэтойжертвенническойжалобойвкачествеподзаголовка… » [5]
Une appréciation en fonction d’attitude d’un sujet envers un objet, exprimée d’une manière verbale, devient un des traits sémantiques d’un nouveau phénomène langagier appelé « valorisation » (Wolf 1985). Ce trait sémantique peut s’approprier par tout niveau de la langue – affixe, mot, proposition, texte. L’unité principale de la valorisation verbale est un mot. Ce sont les composants de la structure du mot qui peuvent être porteurs d’une signification négative valorisante. Dans la langue française, une signification négative valorisante peut se manifester dans les mots à signification péjorative :
- ard- : chauffard ; zonard ; politicard ; philosophard ;
- asse- : écrivasser ; paperasse ;
- aille : politicaille ; prêtraille(попы-pope, câlotin , духовенство- clergé
;
- oter : vivoter (végéter – влачить жалкое существование, languir, subsister – перебиваться с трудом, прозябать).
Les mots indiqués ci-dessus sont relativement peu nombreux en français et ne s’emploient que dans le registre courant-familier.
L’appréciation se fait dans l’acte de valorisation et trouve son expression à l’aide d’un signe. C’est justement dans le mot que se fixent les valeurs de la société (Vejbitskaia 2001). En ce qui concerne la possibilité des mots d’exprimer l’appréciation, plusieurs linguistes croient que l’appréciation peut être exprimée par n’importe quelle partie du discours – substantif, verbe, adverbe (Wolf 1981, Aroutunova 1988, Kazartseva 2001), mais l’adjectif reste le représentant essentiel des mots qualificatifs (Bally 1955). Dans le contexte du discours politique les adjectifs, descriptifs d’après le sens de départ, peuvent se faire attribuer une signification de valorisation et devenir la base pour une métaphore :
couleur noire – marché noir (Il a permis au marché noir et à la contrebande de prospérer.) ;
air froid – guerre froide.
La sphère des déplacements sémantiques les plus intenses dans les langues russes et françaises est représentée par les combinaisons inhabituelles des mots, c’est-à-dire le contexte lexical, conditionné par la nécessité de dénommer un phénomène, un processus, un événement d’une importance sociale dans la vie politique. C’est cette possibilité combinatoire que l’on peut tenir pour un moyen productif dans l’organisation du discours politique. L’emploi des mots, jugés incompatibles l’un à l’autre, amène à l’apparition de la signification négative valorisante dans le discours politique à l’aide des marqueurs lexicaux : suffixes diminutifs et péjoratifs, degrés de comparaison des adjectifs, ordre des mots. En outre, il existe les mots et les groupes de mots à une valeur positive ou négative fixée selon leur sens lexical : limogeage- увольнениевотставку/ démission du président.
L’appréciation est un des moyens de transmettre les émotions et les sentiments. En tant que discours écrit et non spontané, le discours politique fait en sorte de filtrer les émotions, c’est-à-dire l’auteur des discours destinés pour les médias (cerné par son rôle social) tâche de ne pas les laisser passer dans le discours. Dans ce cas, les émotions sont voilées dans la structure sémantique des mots habituels, employés dans le discours politique conformément au principe de la convenance politique. Outre cela, le discours politique se caractérise par tels indices de l’expressivité que la segmentation en étapes, l’apostrophe (appel) au destinataire, les propositions interrogatives, dont la question rhétorique (toute proposition formellement interrogative est considérée plus émotionnelle qu’énonciative). Toute appréciation n’est pas émotionnelle, mais les émotions font toujours preuve de l’appréciation. Les possibilités de transmettre une appréciation négative surpassent quantitativement les moyens de la valorisation positive, car, employées dans un contexte ironique, les unités lexicales à valeur positive changent de sens et acquièrent une signification négative valorisante.
L’opposition des parties significatives positive et négative de l’énoncé sert de base à l’apparition de la valorisation et à sa division en positive et négative. Le caractère de la valorisation, dans le discours politique, dépend de l’actualité du sujet qui forme la base pour la valorisation. Dans la réalisation de la valorisation on a affaire aux mots-clés dont se sert l’auteur. Ils sont les porteurs de l’information minimale nécessaire pour comprendre et décoder les valorisations dans la structure du texte.
1.3 Langue de presse
Mais pourquoi donc les médias sont-ils « le quatrième pouvoir » ? Qu’est-ce qui fait de la presse un moyen d’influence assez puissant ? Les recherches des structures de la mémoire sémantique montrent que même les notions les plus abstraites (« capital », « destin ») ont une saturation (satiété- сытость; пресыщение (jusqu') à satiété

Outre l’envergure (largeur, ampleur) de la diffusion de la presse, il serait indispensable de s’arrêter sur le langage de presse, spécifique, possédant ses propres règles et apte à influencer même la langue littéraire ainsi que la norme. Dans la presse, plus que dans les autres médias, la langue joue un rôle principal, parce que sa forme écrite y représente un moyen essentiel de la communication, d’où l’emploi très répandu et efficace des moyens typographiques de la mise en relief (voir dans L’axiologie). Pourtant la langue de presse n’a jamais joui de renommée étant critiquée par des écrivains, des linguistes, des journalistes mêmes ! D’un côté, ils en ont raison, parce que des tournures négligentes, des fautes, une logographie (скоропись- écriture cursive), des poncifs, des emprunts injustifiés – tout cela n’a jamais embelli la langue de presse. Mais d’autre côté, ils ont tort en lui enlevant des qualités esthétiques, tout en la comparant à la langue littéraire, ce qui est incorrect : la langue de presse a ses propres objectifs et fonctions ; c’est une esthétique particulière, à des règles et possibilités spécifiques.
Des changements considérables dans la structure de la langue de presse sont conditionnés par sa tendance de s’éloigner du langage sec, officiel et livresque, unifié et dépersonnalisé, c’est-à-dire de celui du passé. Une autre tendance évidente est observée, celle de formuler une idée, de construire un message sans prendre en considération la tradition, en partant seulement du caractère du message et en évitant les formes stockées (складировать, хранить – entreposer, déposer) du langage. Le chemin principal pour éliminer le caractère livresque, officieux du langage de presse et retrouver de son propre visage consiste à employer des unités familières, populaires et des jargons. En quête des moyens d’expression de valeur, le journal s’adresse aux unités lexicales non-littéraires et du style bas, possédant des ressources stylistiques considérables et vivifiant le langage de presse.
La norme de presse est plus vaste que celle littéraire commune, et beaucoup plus tolérante envers le lexique non-littéraire. Pourtant la forme familière est loin d’être opportune pour tout sujet en question, ainsi que l’emploi excessif des jargonismes ébranle la norme littéraire et baisse brusquement la qualité du langage. C’est pourquoi l’emploi des termes non-littéraires doit être motivé, avant tout, stylistiquement.
L’état de la culture langagière des journaux contemporains représente le problème tout à fait important. Une baisse brusque de son niveau, témoignée par plusieurs savants, a touché la langue des médias. Les causes principales en sont l’apparition dans la presse des gens mal formés, l’élargissement des limites de la langue littéraire (qui est, en général, un phénomène positif, mais entraînant parfois des conséquences négatives), l’absence de la censure intérieure etc. D’une manière ou d’une autre, l’état de la culture langagière provoque une angoisse.
C’est un aspect normatif qui est particulièrement important pour la langue des médias, qui, à son tour, exerce une très forte influence sur la langue littéraire, en formant des goûts de langue, des normes littéraires. Les linguistes français croient que le précepteur (maître, éducateur, instructeur) essentiel de langue, derrière la gymnase, est la presse.
L’emploi des moyens langagiers est défini par leurs qualités et capacités socio-axiologiques, du point de vue de l’influence efficace et constante sur l’auditoire de masse. Ainsi, la valorisation sociale des moyens langagiers se présente comme une particularité essentielle du style journalistico-publiciste, qui le met en relief parmi les autres styles fonctionnels et qui se manifeste sur tous les « niveaux » de son langage, mais surtout d’une manière évidente et marquante dans le lexique.
La question sur la possibilité de se servir d’une langue tout à fait neutre, dépourvue de toute valorisation, reste en suspens. Certains savants pensent que dans le processus de la communication « l’usage neutre, dans un certain sens, de la langue est en principe impossible », car plusieurs facteurs (comme la sélection des sujets discutés, la succession de l’insertion des participants au discours, l’explication de l’attitude du sujet parlant envers une information transmise) agissent sur la compréhension du message par le destinataire (Baranov 2004). Il est à indiquer que dans la communication politique, l’effet de l’impact de la langue se maintient à un niveau assez élevé, ce qui donne, par conséquent, que la communication politique reflétée dans les textes des mass médias exerce une grande influence sur la conscience sociale et sur la formation des dispositions politiques des citoyens (Baranov 2004). D’après le point de vue de certains savants, une des fonctions spécifiques des mass médias dans les sociétés démocratiques modernes est d’informer et d’inciter les citoyens à participer activement aux processus politiques et non pas à les observer passivement (McLeod, Kosicki 1994).
Les savants qui s’occupent de l’étude des particularités des textes publicistes de différents genres, sont justes à indiquer que, en sus ( en outre) de l’information sur la réalité objective, le texte transmet l’information sur la personnalité de l’auteur par voie de la valorisation des phénomènes de la réalité objective et incite le destinataire à accepter le point de vue de l’auteur (Gorodnikova 1987). En liaison avec l’étude de ce comment les différents médias décrivent les événements, la catégorie de la valorisation présente un intérêt particulier. Bien que nombre d’ouvrages scientifiques sont consacrés à la valorisation en tant que catégorie de langue, certains savants croient que les moments de valorisation sont difficilement classifiables et se font mesurer quantitativement à grand-peine. Les questions concernant la valorisation n’ont pas jusqu’à présent reçu une réponse définitive et restent, par conséquent, actuelles. GrigoriSolganik, qui s’occupe des recherches dans le domaine du langage journalistique, a raison en déclarant que la catégorie de la valorisation englobe tout le contenu lexical de la langue et se constitue, avant tout, comme expression de l’attitude du sujet parlant envers le sujet du discours (Solganik 1981).
La valorisation comme aspect axiologique de la signification peut être exprimée de différentes façons. L’axiologie est étroitement liée au domaine des médias, et surtout de la presse, parce que ces derniers envisagent un fait objectif sous différents angles subjectifs, ce qui fait que les valorisations des mêmes faits peuvent se varier. La notion d’axiologie, qui désigne « les systèmes de valeurs », est indispensable dans la mesure où, en discours, la dimension axiologique est sans cesse présente. Elle se manifeste en effet chaque fois que l’énoncé traduit un engagement subjectif de l’énonciateur, chaque fois qu’un jugement de valeur – fondé sur des normes morales (le bien et le mal) ou esthétiques (le beau et le laid) – est porté par des choix lexicaux. Il s’agit alors de valoriser (évaluation méliorative) ou de dévaloriser (évaluation péjorative).
Généralement les choix lexicaux se subdivisent en 4 catégories (énumérées ci-dessous), mais ils peuvent être répartis en 2 grands groupes : explicites et implicites [comme ces derniers sont très nombreux et ne sont pas faciles à être énumérés tous (à cause de la quantité des moyens rhétoriques, et notamment – des figures stylistiques), on se bornera, pour le moment, à n’en relever que les essentiels].
Explicites
Les suffixes, généralement péjoratifs :
« traîner » devient « traînasser » ou « traînailler »,
« parler » devient « parloter »,
« jaune » devient « jaunâtre » ou « jaunasse ».
Implicites
Des marqueurs lexicaux : « imbécile » ou « génie », « superbe » ou « affreux », en liaison parfois avec les registres de langue (« demeuré » ou « baraqué »).
Des termes objectifs qui, en fonction du contexte discursif, se chargent de significations axiologiques diverses. Le verbe « parler » peut ainsi être valorisant dans un énoncé comme : « Il a parlé. Nous savons ce que nous devons faire », ou dévalorisant dans une phrase comme : « Tu parles, tu parles, c’est tout ce que tu sais faire. »
Les figures de style, et en particulier la métaphore et la comparaison, qui peuvent se charger d’une forte valeur axiologique. « Il s’est battu comme un lion » s’oppose à « Il s’est enfui comme un rat », ou « C’est une véritable vipère » s’oppose à « C’est véritablement un aigle. »
Explicites ou implicites, la fréquence de ces unités axiologiques n’est pas la même : les moyens explicites en français sont plus rares que les moyens implicites (dont fait preuve, au moins, leur nombre). Ce phénomène est dû à ce que le lien entre la forme et le contenu dans le mot français est moins imbriqué (mélangé, enchevêtré,mêlé

Les notions de dénotation et de connotation sont liées à la dimension axiologique. La dénotation exprime un caractère factuel et informatif du discours. La connotation, qui installe un discours second sur des énoncés de dénotation, se manifeste par des éléments intonatifs, lexicaux ou discursifs. Elle a un caractère évaluatif. On reconnaît ainsi des connotations de « vulgarité », de « préciosité », de « snobisme » etc., par des ensembles de traits qui forment un tout cohérent, donnent une tonalité particulière au discours, signalent l’identité du locuteur. Les connotations, sortes de grilles évaluatives de lecture du sens, sont déterminées par l’usage et sont, par conséquent, relatives à des codifications sociales.
En ce qui concerne les moyens explicites, ils sont rares dans le discours publiciste ; cependant une fois employée, une unité explicite comporte le sens, qui découle de ses composants. Tel sont les mots « titraille », « journaleux » avec les suffixes péjoratifs, de même que dans les mots « ferrailler (дратьсянашпагах, насаблях 2) неумелофехтовать 3) лязгать; стучать 4) горячоспорить) » et « scribouillage(каракули 2) писанина) » : « Lescribouillage en formules essayistes n’a pas peur des mots. – Очерковаяписанинанебоитсяслов ». [1]
« Depuis son arrivée [...] le brillant diplômé en droit de l’université de Yale n’a cessé de ferrailler. – С моментасвоегоприхода [...] блестящийвыпускникфакультетаправаЙельскогоуниверситетанепереставалгорячоспорить». [2]
« Le Monde du 15 avril n’a pas paru – en grève, fait rarissime dans son histoire... – ЛеМондот 15 февралянепоявилсяналотках – из-зазабастовки, редчайшийслучайвегоистории…» [3]
« ...pour acquérir [...] la notoriété qu’une œuvre scientifiquement faiblarde peinerait à justifier aux yeux de leurs pairs. – …чтобыдобытьсебеимя, котороеслабенькая,снаучнойточкизрения, книгаструдоммоглабыоправдатьвглазахихбоссов ». [4]
« Ce club organise des séminaires réunissant une brochette d’intellectuels, de politiques et de diplomats triés sur le volet. – Этотклуборганизуетсеминарысучастиемгорсткиизбранныхинтеллектуалов, политиковидипломатов… » [4]
« Dans le dossier sous le titre “La face cachée du journalisme”, avec pour surtitre cette pleurnicherievictimaire... – В статьеподзаголовком “Скрытоелицожурнализма”, сэтойжертвенническойжалобойвкачествеподзаголовка… » [5]
Une appréciation en fonction d’attitude d’un sujet envers un objet, exprimée d’une manière verbale, devient un des traits sémantiques d’un nouveau phénomène langagier appelé « valorisation » (Wolf 1985). Ce trait sémantique peut s’approprier par tout niveau de la langue – affixe, mot, proposition, texte. L’unité principale de la valorisation verbale est un mot. Ce sont les composants de la structure du mot qui peuvent être porteurs d’une signification négative valorisante. Dans la langue française, une signification négative valorisante peut se manifester dans les mots à signification péjorative :
- ard- : chauffard ; zonard ; politicard ; philosophard ;
- asse- : écrivasser ; paperasse ;
- aille : politicaille ; prêtraille(попы-pope, câlotin , духовенство- clergé

- oter : vivoter (végéter – влачить жалкое существование, languir, subsister – перебиваться с трудом, прозябать).
Les mots indiqués ci-dessus sont relativement peu nombreux en français et ne s’emploient que dans le registre courant-familier.
L’appréciation se fait dans l’acte de valorisation et trouve son expression à l’aide d’un signe. C’est justement dans le mot que se fixent les valeurs de la société (Vejbitskaia 2001). En ce qui concerne la possibilité des mots d’exprimer l’appréciation, plusieurs linguistes croient que l’appréciation peut être exprimée par n’importe quelle partie du discours – substantif, verbe, adverbe (Wolf 1981, Aroutunova 1988, Kazartseva 2001), mais l’adjectif reste le représentant essentiel des mots qualificatifs (Bally 1955). Dans le contexte du discours politique les adjectifs, descriptifs d’après le sens de départ, peuvent se faire attribuer une signification de valorisation et devenir la base pour une métaphore :
couleur noire – marché noir (Il a permis au marché noir et à la contrebande de prospérer.) ;
air froid – guerre froide.
La sphère des déplacements sémantiques les plus intenses dans les langues russes et françaises est représentée par les combinaisons inhabituelles des mots, c’est-à-dire le contexte lexical, conditionné par la nécessité de dénommer un phénomène, un processus, un événement d’une importance sociale dans la vie politique. C’est cette possibilité combinatoire que l’on peut tenir pour un moyen productif dans l’organisation du discours politique. L’emploi des mots, jugés incompatibles l’un à l’autre, amène à l’apparition de la signification négative valorisante dans le discours politique à l’aide des marqueurs lexicaux : suffixes diminutifs et péjoratifs, degrés de comparaison des adjectifs, ordre des mots. En outre, il existe les mots et les groupes de mots à une valeur positive ou négative fixée selon leur sens lexical : limogeage- увольнениевотставку/ démission du président.
L’appréciation est un des moyens de transmettre les émotions et les sentiments. En tant que discours écrit et non spontané, le discours politique fait en sorte de filtrer les émotions, c’est-à-dire l’auteur des discours destinés pour les médias (cerné par son rôle social) tâche de ne pas les laisser passer dans le discours. Dans ce cas, les émotions sont voilées dans la structure sémantique des mots habituels, employés dans le discours politique conformément au principe de la convenance politique. Outre cela, le discours politique se caractérise par tels indices de l’expressivité que la segmentation en étapes, l’apostrophe (appel) au destinataire, les propositions interrogatives, dont la question rhétorique (toute proposition formellement interrogative est considérée plus émotionnelle qu’énonciative). Toute appréciation n’est pas émotionnelle, mais les émotions font toujours preuve de l’appréciation. Les possibilités de transmettre une appréciation négative surpassent quantitativement les moyens de la valorisation positive, car, employées dans un contexte ironique, les unités lexicales à valeur positive changent de sens et acquièrent une signification négative valorisante.
L’opposition des parties significatives positive et négative de l’énoncé sert de base à l’apparition de la valorisation et à sa division en positive et négative. Le caractère de la valorisation, dans le discours politique, dépend de l’actualité du sujet qui forme la base pour la valorisation. Dans la réalisation de la valorisation on a affaire aux mots-clés dont se sert l’auteur. Ils sont les porteurs de l’information minimale nécessaire pour comprendre et décoder les valorisations dans la structure du texte.