Сила Духа
немного буков из интернетаMais la
formulation juridique n'est que I'expression la plus accusée d'an langage
administratif qui tend, globalement, à se singulariser et à s'autonomiser.
Comme tout langage, le langage administratif ne se réduit pas à une
simple fonction manifeste de communication : servant à diffuser certaines
valeurs et certaines représentations relatives à l'administration, il joue
aussi comme instrument de différenciation sociale, en permettant à
I'administration de marquer ses distances avec I'extérieur. L'hermétisme
du langage, qui renvoie à un code de référence possédé par les seuls
initiés, élève une barrière infranchissable à la communication, qui isole
I'administration du reste de la société. Cette fonction explique certaines
des caractéristiques essentielles et spécifiques du style administratif qui,
à première vue, apparaissent comme des défauts : la solennité et le manque de simplicité, illustrées par des néologismes prétentieux et pédants.
les locutions pompeuses? une tendance à la logomachie, visent à exprimer
la majesté de la puissance publique ; Ia circonspection et le conformisme.
traduits par l'exclusion de tout élément affectif ou passionnel, l'usage
de formules conditionnelles ou dubitatives. Ie recours à des tours indé'
finis, sont inspirés par un souci d'indépendance I enfin, l'ésotérisme et
I'obscurité, qui dégénèrent souvent en véritable jargon, sont destinés
à voiler les processus administratifs d'ombre et de mystère. Quant aux
cotnportenxenJs des fonctionnaires, empreints de componction et de déta'
chemento ils se conforment à des modèles stéréotypés, censés refléter
lk être > administratif et contribuent du même coup à entretenir le mythe
de la différence administrative. Mais ces comPortements n'ont pas seulement une efficacité symbolique : ils entraînent aussi des difficultés
pratiques de communication avec le public.
блаблабла
Cette relation fondamentale de domination/sujétion ressort à l'évidence des formes mêmes par lesquelles I'administration agit en direction
du milieu. L'action administrative se coule tout entière dans le moule
juridique ; et cette jaridicisatioi'r 8, qui est déià par elle-même un facteur
de distanciation, entraîne une relation foncièrement inégalitaire et de type
autoritaire. En utilisant le langage du droit, I'administration parle à
I'impératif ; organisé < en fonction d'une logique de commandement > e,
son discours exerce un effet d'intirnid,ation 10 : il est destiné à enjoindre,
à imposer, à proscrire. L'acte unilatéral, assorti du privilège du préalable,
est à lui seul le condensé de la toute-puissance administrative et I'expression de sa supériorité intrinsèque : l'administration a la faculté, exorbitante, d'édicter des obligations, de conférer des droits, de forger des
interditso de sa propre initiative ; et les administrés sont tenus, de droit,
de se plier à ses prescriptions, sans espérer pouvoir s'y dérober ou s'y
soustraire.
Ce pouvoir de contrainte dont elle dispose permet du même coup
à I'administration de soumettre la société à ses schémas de pensée, à ses
modes de raisonnement, à ses procédures, à son langage.Le formalisme
n'est pas seulement une entrave à la communication : c'est aussi un
moyen d'imposer une certaine rationalité au milieu social ; non seulernent
les administrés se voient contraints de s'adapter au code sécrété et utilisé
par I'administration pour pouvoir communiquer avec elle, mais encore
les fonctionnaires s'efforcent de remodeler la réalité sociale selon les
schèmes bureaucratiques. Par-delà leur fonction instrumentale, Les textes
ont donc une force symlolique, en exprimant de manière tangible le
pouvoir de I'administration sur la société : c'est par la production de
textes que les fonctionnaires, << chefs de papier > matérialisent leur autorité, démontrent leur aptitude à commander, << s'exercent à être la loi > 11.
La puissance administrative ne s'exprime pas seulement dans la production de la norme. mais encore dans la maîtrise de son utilisation : la
rétention de la règle, la temporisation dans son application, la faculté
d'y déroger, sont quelques-unes des manifestations d'un arbitraire administratif qui, traduisant la volonté de puissance des fonctionnaires, contribue à accroître la dépendance des administrés.
La transparence conduit l'administration à se ro,pprocher du milieu
social, et donc à atténuer le principe de fermeture qui était la condition
et la garantie de son éloignement.
l) Ce rapprochement se traduit d'abord par un effort permanent
d'explication en direction du public. Partant de l'idée que ses décisions
seront mieux acceptées et mieux appliquées si leur sens est connu et
compris des administréso I'administration en est venue à mettre sur pied
une véritable politique d'information et de diffusion or passant par des
cellules ou des services spécialisés, et utilisant une gamme très diversifiée
de supports : documents écrits 6r, information orale62, médias. Si elle vise
à réduire les obstacles résultant de l'ignorance ou de l'incompréhension
des administrés, cette information d,escendante n'en est pas moins porteuse de potentialités différentes : en allant ainsi vers le public, afin de
l'éclairer sur ses objectifs et sur ses intentions, I'administration accepte
de se mettre à sa portée ; elle réduit de son propre chef la distance maté-
rielle et symbolique qui I'en sépare, et ce mouvement de rapprochement
crée un autre contexte relationnel. D'autant que? pour se faire comprendre, I'administration est tenue de modifier et d'adapter son langage :
l'information n'est efficace que si le récepteur parvient à recevoir et à
interpréter correctement le message transmis ; se pliant aux lois de la communication, I'administration est dès lors amenée à renoncer à l'her.
métisme et à l'ésotérisme, à simplifier ses procédures, afin de se rendre
accessible à tous 63, Ce souci didactique s'exprime aussi vis-à-vis de chacun
des administrés : recherchant le contact direct et personnalisé avec l'administré, I'administration s'efforce de répondre à ses exigences spécifiques
et à I'aider dans ses démarches ; dans toutes les administrations, ont ainsi
été créés des bureaux d'accueil et d'orientation, chargés de renseigner
et d'assister le public 64.
Derrière cet effort ponctuel d'explication se profile un objectif plus
diffus et plus général de sensibilisation du public aux exigences de
I'action administrative. L'information n'a pas seulement une fonction
instrumentale : utilisée comme instrument latent de propagande, elle
a aussi un but protnotionneJ et vise à renforcer le consensus autour de
Ioadministration. En exposant aux administrés les raisons de ses décisions,
en leur réservant un accueil personnalisé et chaleureux, I'administration
cherche à dissiper leurs préventions et leurs réserves, et à les rendre plus
réceptifs à ses problèmes et plus.dociles à ses injonctions. Cette action
permanente est prolongée par de véritables cdtnpagnes publicitaires, par
lesquelles l'administration s'efforce de toucher directement le public afin
d'améliorer l'image de marque de certains services ou l'accueil réservé
à certaines décisions : I'administration est devenue un annonceur très
important qui n'hésite pas à utiliser de manière intensive les médias pour
valoriser son action, maximiser ses soutiens, en jouant de tous les registres
possi-bles. La transparence devient dès lors indissociable de kr stratégie
de séduction et de manipulation des comportements décelée ailleurs ;
il s'agit, endonnant aux administrés l'impression qu'ils_sont moins étrangers aux mécanismes administratifs, d'emporter leur adhésion. Mais cette
stratégie publicitaire, ce r 65 met aussi implicitement
en cause le modèle de relations distancié/autoritaire avec l'environnement : renonçant à se prévaloir de son statut de monopole...
formulation juridique n'est que I'expression la plus accusée d'an langage
administratif qui tend, globalement, à se singulariser et à s'autonomiser.
Comme tout langage, le langage administratif ne se réduit pas à une
simple fonction manifeste de communication : servant à diffuser certaines
valeurs et certaines représentations relatives à l'administration, il joue
aussi comme instrument de différenciation sociale, en permettant à
I'administration de marquer ses distances avec I'extérieur. L'hermétisme
du langage, qui renvoie à un code de référence possédé par les seuls
initiés, élève une barrière infranchissable à la communication, qui isole
I'administration du reste de la société. Cette fonction explique certaines
des caractéristiques essentielles et spécifiques du style administratif qui,
à première vue, apparaissent comme des défauts : la solennité et le manque de simplicité, illustrées par des néologismes prétentieux et pédants.
les locutions pompeuses? une tendance à la logomachie, visent à exprimer
la majesté de la puissance publique ; Ia circonspection et le conformisme.
traduits par l'exclusion de tout élément affectif ou passionnel, l'usage
de formules conditionnelles ou dubitatives. Ie recours à des tours indé'
finis, sont inspirés par un souci d'indépendance I enfin, l'ésotérisme et
I'obscurité, qui dégénèrent souvent en véritable jargon, sont destinés
à voiler les processus administratifs d'ombre et de mystère. Quant aux
cotnportenxenJs des fonctionnaires, empreints de componction et de déta'
chemento ils se conforment à des modèles stéréotypés, censés refléter
lk être > administratif et contribuent du même coup à entretenir le mythe
de la différence administrative. Mais ces comPortements n'ont pas seulement une efficacité symbolique : ils entraînent aussi des difficultés
pratiques de communication avec le public.
блаблабла
Cette relation fondamentale de domination/sujétion ressort à l'évidence des formes mêmes par lesquelles I'administration agit en direction
du milieu. L'action administrative se coule tout entière dans le moule
juridique ; et cette jaridicisatioi'r 8, qui est déià par elle-même un facteur
de distanciation, entraîne une relation foncièrement inégalitaire et de type
autoritaire. En utilisant le langage du droit, I'administration parle à
I'impératif ; organisé < en fonction d'une logique de commandement > e,
son discours exerce un effet d'intirnid,ation 10 : il est destiné à enjoindre,
à imposer, à proscrire. L'acte unilatéral, assorti du privilège du préalable,
est à lui seul le condensé de la toute-puissance administrative et I'expression de sa supériorité intrinsèque : l'administration a la faculté, exorbitante, d'édicter des obligations, de conférer des droits, de forger des
interditso de sa propre initiative ; et les administrés sont tenus, de droit,
de se plier à ses prescriptions, sans espérer pouvoir s'y dérober ou s'y
soustraire.
Ce pouvoir de contrainte dont elle dispose permet du même coup
à I'administration de soumettre la société à ses schémas de pensée, à ses
modes de raisonnement, à ses procédures, à son langage.Le formalisme
n'est pas seulement une entrave à la communication : c'est aussi un
moyen d'imposer une certaine rationalité au milieu social ; non seulernent
les administrés se voient contraints de s'adapter au code sécrété et utilisé
par I'administration pour pouvoir communiquer avec elle, mais encore
les fonctionnaires s'efforcent de remodeler la réalité sociale selon les
schèmes bureaucratiques. Par-delà leur fonction instrumentale, Les textes
ont donc une force symlolique, en exprimant de manière tangible le
pouvoir de I'administration sur la société : c'est par la production de
textes que les fonctionnaires, << chefs de papier > matérialisent leur autorité, démontrent leur aptitude à commander, << s'exercent à être la loi > 11.
La puissance administrative ne s'exprime pas seulement dans la production de la norme. mais encore dans la maîtrise de son utilisation : la
rétention de la règle, la temporisation dans son application, la faculté
d'y déroger, sont quelques-unes des manifestations d'un arbitraire administratif qui, traduisant la volonté de puissance des fonctionnaires, contribue à accroître la dépendance des administrés.
La transparence conduit l'administration à se ro,pprocher du milieu
social, et donc à atténuer le principe de fermeture qui était la condition
et la garantie de son éloignement.
l) Ce rapprochement se traduit d'abord par un effort permanent
d'explication en direction du public. Partant de l'idée que ses décisions
seront mieux acceptées et mieux appliquées si leur sens est connu et
compris des administréso I'administration en est venue à mettre sur pied
une véritable politique d'information et de diffusion or passant par des
cellules ou des services spécialisés, et utilisant une gamme très diversifiée
de supports : documents écrits 6r, information orale62, médias. Si elle vise
à réduire les obstacles résultant de l'ignorance ou de l'incompréhension
des administrés, cette information d,escendante n'en est pas moins porteuse de potentialités différentes : en allant ainsi vers le public, afin de
l'éclairer sur ses objectifs et sur ses intentions, I'administration accepte
de se mettre à sa portée ; elle réduit de son propre chef la distance maté-
rielle et symbolique qui I'en sépare, et ce mouvement de rapprochement
crée un autre contexte relationnel. D'autant que? pour se faire comprendre, I'administration est tenue de modifier et d'adapter son langage :
l'information n'est efficace que si le récepteur parvient à recevoir et à
interpréter correctement le message transmis ; se pliant aux lois de la communication, I'administration est dès lors amenée à renoncer à l'her.
métisme et à l'ésotérisme, à simplifier ses procédures, afin de se rendre
accessible à tous 63, Ce souci didactique s'exprime aussi vis-à-vis de chacun
des administrés : recherchant le contact direct et personnalisé avec l'administré, I'administration s'efforce de répondre à ses exigences spécifiques
et à I'aider dans ses démarches ; dans toutes les administrations, ont ainsi
été créés des bureaux d'accueil et d'orientation, chargés de renseigner
et d'assister le public 64.
Derrière cet effort ponctuel d'explication se profile un objectif plus
diffus et plus général de sensibilisation du public aux exigences de
I'action administrative. L'information n'a pas seulement une fonction
instrumentale : utilisée comme instrument latent de propagande, elle
a aussi un but protnotionneJ et vise à renforcer le consensus autour de
Ioadministration. En exposant aux administrés les raisons de ses décisions,
en leur réservant un accueil personnalisé et chaleureux, I'administration
cherche à dissiper leurs préventions et leurs réserves, et à les rendre plus
réceptifs à ses problèmes et plus.dociles à ses injonctions. Cette action
permanente est prolongée par de véritables cdtnpagnes publicitaires, par
lesquelles l'administration s'efforce de toucher directement le public afin
d'améliorer l'image de marque de certains services ou l'accueil réservé
à certaines décisions : I'administration est devenue un annonceur très
important qui n'hésite pas à utiliser de manière intensive les médias pour
valoriser son action, maximiser ses soutiens, en jouant de tous les registres
possi-bles. La transparence devient dès lors indissociable de kr stratégie
de séduction et de manipulation des comportements décelée ailleurs ;
il s'agit, endonnant aux administrés l'impression qu'ils_sont moins étrangers aux mécanismes administratifs, d'emporter leur adhésion. Mais cette
stratégie publicitaire, ce r 65 met aussi implicitement
en cause le modèle de relations distancié/autoritaire avec l'environnement : renonçant à se prévaloir de son statut de monopole...